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mardi 30 avril 2024

Polychromie musicale - Journée du Jazz (2)

Dans la droite ligne de l'an dernier, continuons à célébrer le jazz.
J'avais fait un sujet plutôt général l'an dernier, avec mise en avant de quelques chanteuses en particulier, mais cette année, j'ai envie de mettre en avant mes petites découvertes de l'année. Chaque nouvelle porte ouverte emmène sur de nouveaux terrains et .. c'est comme ça que je me retrouve perpétuellement à faire un jeu de l'oie musical.

Et cette fois, je vais mettre en avant des choses assez récentes, et des noms pas forcément les plus connus, je veux dire par là, m'éloigner des grands noms attendus, du genre Duke Ellington, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Nina Simone, Chet Baker, Benny Goodman, etc.. même si tous ces gens-là sont absolument géniaux.
J'ai plutôt essayé d'aller découvrir des choses que je ne connaissais pas ou peu, ou seulement de nom, et on va faire ça simplement par ordre chronologique, ça évitera de se prendre la tête avec des sous-genres très compliqués et de me mettre à dos les gardiens du temple parce que j'ai classé tel disque en bebop alors que pas du tout c'est du hard bop...

Si, je vais restreindre quand même à un domaine: je n'ai sélectionné que de l'instrumental*, parce que finalement il y en avait pas mal dans ce que j'ai écouté, et c'est ce qui pour moi a fait particulièrement effet cette année.
* à UNE piste près sur un des albums

Enfin... si, je vais quand même d'abord parler d'un grand nom des années 50, parce qu'il a plus ou moins inspiré tout ce qui suit, c'est-à-dire principalement du jazz fusion.
Et ce grand nom, c'est Miles Davis. Après Armstrong l'an dernier, c'est donc un autre trompettiste qui est l'invité vedette cette année. On va donc commencer par Miles et aller vers des choses moins "purement jazz" (je préviens pour les puristes) mais qui en découlent.


Je dois l'avouer, pour moi, Miles Davis, c'était avant tout la musique très réussie d'Ascenseur pour l'échafaud, et une poignée de titres comme So What? Donc j'ai décidé de corriger le tir, en cherchant comment attaquer l'Everest que représente sa discographie, en cherchant par quel album commencer.
Donc va pour le plus marquant. Et ça tombe bien il commence par So What?

1959 : Kind of Blue - Miles Davis - Jazz Modal, Cool Jazz
J'ai joué la sécurité avec "l'album de jazz le plus vendu de tous les temps" . Pas à cause de cet argument, mais parce que ça en fait la pierre angulaire de sa discographie et un jalon important du jazz en général.
Et puis avec Coltrane, Adderley, Evans entre autres dans le groupe, je fais d'une pierre plusieurs coups, ce sont des pointures chacun pour leur instrument de prédilection. Descriptif, avec une photo de Miles tout sourire, ça fait plaisir, on le voit habituellement très sérieux.
et c'est une bonne pioche, en grande partie de l'impro, et je suis toujours fascinée par les gens qui ont l'aisance d'improviser. Je dois cependant admettre que j'aurais eu un peu plus de mal à l'apprécier il y a quelques années (même si ce n'est pas le truc le plus tordu du monde), mais ma culture musicale s'est élargie peu a peu pour me faire apprécier les dissonances.
et j'ai beaucoup apprécié "blue in green" et " flamenco sketches" en particulier pour la contrebasse, et l'ambiance très planante.
C'est Parti!

1969: Hot rats - Frank Zappa Jazz-Rock, débuts jazz fusion
Zappa est un compositeur dont je ne savais presque rien, si ce n'est qu'il est trèèèèès spécial, mais influencé par le jazz. J'avais du entendre au plus une poignée de titres il y a quelques années.
Donc j'ai cherché par où attaquer cette discographie pour voir ce dont il retournait et ce qui pouvait être à la fois une bonne introduction et susceptible de me plaire.. Bon, va pour un disque instrumental, plus orienté jazz.
Disons que l'étiquette " Jazz Rock" est encore loin de la réalité, c'est du bizarre.
Là on arrive à ce qui pour moi est encore un peu trop chelou pour être 100% mon truc. Même si j'ai kiffé le jeu de guitare de Frank Zappa. Mais je le reconnais, là aussi, j'aurais vraiment eu du mal à apprécier il y a quelques années, mes oreilles se font
Attention ce n'est pas un album 100% instrumental, la seconde piste "Willie the pimp" que j'ai d'ailleurs particulièrement kiffée pour la guitare contient quelques mots chantée par Captain Beefheart, un autre nom que je ne connais que vaguement pour le moment ( grâce à sa mention, sir je ne me trompe pas dans la BD Pop, rock et Colégram de Solé). Mais oui, cette piste, madre mia, que c'est bon guitaristiquement!


1977: Heavy Weather - Weather Report. Jazz-fusion

1977, la meilleure année!
Je ne connaissais le groupe que de nom, et je les pensais plutôt dans la mouvance Rock Psychédélique, c'est en prenant enfin le temps de me pencher sur le cas de Jaco Pastorius que j'ai découvert qu'il jouait dans ce groupe.
Pastorius c'est.. je ne sais même pas comment résumer ça. Ce gars avait un talent incroyable mais sa vie est une succession de tuiles causées par des tendances maniaco-dépressives difficiles à soigner et qui ont indirectement causé sa mort prématurée. Qui sait ce dont il aurait été musicalement capable et quelle carrière il aurait eue avec un traitement efficace? En  tout cas le gars a réussi a révolutionner l'approche de son instrument et à le mettre sur le devant de la scène, en dépit de sa très courte vie.

Et donc une fort jolie découverte, mélangeant jazz, musique africaine, rumba.. Petit coup de coeur pour les percussions tout en finesse. Et donc la basse particulièrement présente pour mon plus grand plaisir. Un groupe que je vais explorer plus en détail, sans l'ombre d'un doute.
Pour l'écouter , c'est ici

1977 - Live in Chicago 6 février 1977 - Herbie Hancock et Jaco Pastorius - Jazz-Fusion, Funk-Jazz

Je vous ai dit que l'année 1977 était une très bonne année?
Bon ben on continue avec Jaco Pastorius et en duo cette fois avec un autre grand nom, Herbie Hancock ( claviers). Bon ben voilà. Je danse sur ma chaise en écrivant. Comme j'aurais dansé dans la salle si j'avais été présente au concert (qui a eu lieu en fait 2 mois avant que la cigogne ne me livre!)


1987: Madhouse 8 - Madhouse. Jazz-Fusion
Attention OVNI à l'histoire assez savoureuse. Ca va être un peu long, mais je ne peux pas l'éviter. Pour ceux qui connaissent, toutes mes félicitations, vous pouvez sauter ce qui va suivre.

Les belles histoires du père Jazztor: Il était une fois dans les années 80 un musicien très talentueux qui voulait sortir un disque de jazz instrumental. Or à l'époque, ça n'est plus vraiment porteur, surtout quand on est connu dans un autre style, et attendu au tournant, son public n'étant pas trop orienté jazz. Je pense qu'il y avait aussi le pari de se dire " Et si, maintenant que je suis connu, je faisais exactement l'inverse de ce qu'on attend de moi, si je sortais un disque juste pour le fun, est-ce que les auditeurs s'en rendraient compte? Est-ce que ma musique est appréciée pour elle-même ou juste parce que je suis connu?". Pour le savoir, autant jouer à cache-cache.

Solution retenue: créer un groupe fictif juste pour l'album, sans mention de notre composteur mystère. Pour le visuel, juste une photo de pin-up qui joue à la balle avec un chien, le nom Madhouse inconnu de tous, des pistes de 1 à 8 sobrement intitulées de "1" à "8", pas d'indication de genre.  On a tous les ingrédients pour que le disque se retrouve planqué sur le dernier rayonnage de Jazz-fusion (un terme assez vague quand même) d'un disquaire qui sera bien en peine de trouver un argument de vente. Pour la presse, le groupe est composé d'un claviériste nommé Austra Chanel, d'un percussionniste, John Lewis, d'un bassiste, Bill Lewis et d'Eric Leeds (saxophone et flûte). Des inconnus hormis Leeds, qui lui est une pointure.

Et bien, : les autres n'existent PAS, ce sont des noms fictifs. Yep. Chaque note autre que le saxophone ou la flûte est jouée, enregistrée et mixée par un seul musicien, celui qui s'est lancé dans cette aventure un peu folle. Et pourtant, on a l'impression d'entendre tout un orchestre de gens, chacun spécialisé dans un instrument, sauf que non. Le piano, les claviers la batterie, la basse, sont tenus par quelqu'un qui justement n'est pas le premier cité pour ses compétences dans ces domaines. Et ce n'est d'ailleurs toujours pas le cas: dans l'idée du public, c'est un chanteur/guitariste, qui ici précisément, ne chante pas et évite soigneusement les solos de guitare trop reconnaissables... Troll jusqu'au bout!
Mais pour savoir de qui il s'agit, il faudra soit aller jusqu'au bout de l'enregistrement ci-dessous, où un encart final dévoile son identité (ne lisez pas les commentaires d'emblée, laissez-vous surprendre! ce serait dommage d'avoir tout de suite la réponse avant l'écoute)

Et c'est une petite pépite, en particulier le très étrange n° 5 en forme de collage sonore de dialogues peut être issus de films avec une batterie et une basse qui accélèrent, le 6 très dansant, très funk, le 7 très rythmique et le 8, totalement planante autour d'un son répété (une sorte de "fffhoum" probablement programmé sur une touche de synthé, autour duquel la flûte brode, avec en arrière une rythmique de batterie presque cardiaque. Presque prog', j'adore!)


Il y aura une suite, qui garde la même logique "Madhouse 16" pour les pistes 9 à 16, cette fois avec intervention d'autres musiciens, maiiis, toujours aucune mention du vrai maître à bord. Le secret n'a été réellement éventé que bien plus tard. Mais, oui, autant que la musique qui m'a carrément conquise, l'anecdote de l'enregistrement en loucedé m'éclate.
Evidemment, le disque ne s'est pas vendu facilement, et n'a eu un succès que via le bouche à oreille quand le mystère a été éventé.
Enfin, j'espère un jour une réédition pour celui là et ses suites, c'est quasiment impossible à trouver en CD à prix raisonnable (au moment où je regarde " occasion à partir de 144€, neuf à partir de 377€, oups!)

2014: Cory Henry - First steps. NU-Jazz
Cory Henry, c'est un nom que j'avais vu par ci par là sur les forums de musique, sans  prendre le temps d'aller chercher plus loin.
Anecdote:
L'an dernier alors que j'allais chercher une commande à la FNAC, j'entends ça en fond sonore et je me mets à danser dans la file (vous vous souvenez de Full Monty? Ben voilà)
Une fois récupéré mon paquet, j'ai cherché le gars du rayon audio pour lui demander:
" C'est vous qui avez choisi ce qu'on entend?
- Heu oui?
- C'est QUOI cette reprise de Controversy? Non, c'est juste parce que j'adore le morceau d'origine, et je ne pensais pas dire ça un jour d'une reprise de ce titre-là, mais elle tient carrément la route, et ça fait plaisir."
Et donc on a discuté un brin, et  j'ai mémorisé le nom du musicien.
Je préfère quand même la version  d'origine bien plus sèche. Je suis curieuse d'avoir vos avis sur cette reprise, d'ailleurs.

Mais donc Cory Henry restait à découvrir hors reprise, et au pif, j'ai opté pour First Steps, et c'est une excellente pioche, j'ai été ravie de découvrir qu'il s'agit d'un album concept de New Urban Jazz totalement instrumental, dont la thématique est d'après l'auteur lui même:
en très gros et résumé, le texte dit:
" imaginez un jeune enfant, seul dans une pièce sombre et qui pleure, il a le choix soit de continuer à pleurer, soit se lever pour aller chercher de l'aide. L'intérêt dans le fait de se lever et de marcher, c'est qu'on ne sait pas exactement dans quelle direction aller pour trouver de l'aide. De la première à la dernière note, l'idée est que cet enfant trouvera non seulement de l'aide mais aussi de la joie, et c'est une métaphore pour l'auditeur, qui peut en faire ce qu'il veut[...] Après avoir écouté ce projet, j'espère que vous serez inspirés pour faire vos premiers pas en direction de vos objectifs, quels qu'ils soient"

Donc non seulement je suis musicalement comme un poisson dans l'eau,mais en plus le concept même et l'état d'esprit du composteur me parlent (il me dit de continuer à progresser en musique, non? ;)).
Encore quelqu'un dont je vais fouiller la discographie.
Pour écouter, c'est ici

Allez, ça fait 5, presque un par décennie, dans des genres proches + un fondateur, c'est déjà pas mal pour commencer.Je vois que d'ailleurs plusieurs son classés dans les 1001 albums qu'il faut avoir écoutés dans sa vie. Je hais ce mot de "il faut", mais j'en ai quelques uns déjà. Tiens et si je faisais une liste de ceux que j'ai écoutés, juste par curiosité pour voir où j'en suis, ce que j'en pense...

Promis, la prochaine fois je sélectionnerai des albums avec paroles, pour les allergiques à l'instrumental.

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