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mercredi 11 avril 2018

Le ciel au dessus de Bruxelles - Bernar(d) Yslaire

Voilà une BD dont j'avais repoussé la lecture depuis.. hé bien elle est sortie il y a 10 ans en fait, en 2008, mais je sentais que je n'allais pas trop accrocher.

Et même si au final elle s'avère différente de ce que je pensais ( beaucoup plus crue et érotique en fait) malgré tout..je n'ai pas 100% accroché. 

Même si depuis sa parution le contexte a changé, et ce qui n'était qu'une dystopie ( un attentat à Bruxelles ) est devenu une triste réalité. Au point que, j'ai presque hésité à en parler vu les circonstances. Presque. Mais pas d'auto-censure hein. Dans le contexte épineux de la politique du moment, c'est au niveau BD et narration que je veux aborder la chose.

L'auteur lui-même confiait il y a 2 ans, après l'attentat en Belgique, que son récit aurait été différent s'il l'avait réalisé maintenant.

ah au fait, le (d) dans l'intitulé n'est pas une erreur, l'orthographe de son nom est très variable selon les album, et ici, Bernard Hislaire ( son vrai nom) est écrit comme-ci dessous ( la plupart du temps, il signe Yslaire tout court, parfois Sylaire, ou iSlaire)



Donc l'histoire? Elle semble se passer dans un monde parallèle:

Il y est d'abord fait mention d'un homme anonyme, mort en déportation en 1943. Tout juste sait on qu'il est originaire de Crimée, du royaume de Khazarie rayé de la carte par Staline. Gnuh? il y a bien eu un empire Khazar dans l'histoire.. qui a disparu vers le X° siècle, il n'en reste que quelques vestiges archéologiques pas loin de la mer Caspienne.
2003: un type qui s'est endormi dans une station de métro bruxelloise est réveillé par des policiers sur les dents: une énorme manifestation pacifiste va avoir lieu contre la guerre en Irak, et pour ne pas prendre de risque on vérifie les identités. Or Jules ( ou Erwin, son identité est peu définie) est aussi Khazar.  Et tout laisse à penser qu'il s'agit du même homme. Ou de la même créature fantastique, ange ou fantôme vêtu de blanc, puisque mort 60 ans plus tôt.
Il rencontre donc dans cette station de métro une femme, Fadya , belge d'origine.. babylonnienne ( ça n'existe pas plus que le royaume de Khazarie), femme voilée vêtue de noir qui, on l'apprend vite, cache une ceinture d'explosifs sous un tee-shirt arborant ironiquement le slogan "No war". Il est juif ou à peu près, elle est musulmane embrigadée par son frère dans un djihad insensé. Il va tout faire pour la détourner de ses plans... a commencer par l'attirer dans une chambre d'hôtel, où il se passera exactement ce qu'on suppose. Faites l'amour pas la guerre.




Au fur et à mesure que Fadya découvre les plaisirs de la chair, son projet n'a plus de raison d'être.. et elle se retrouve désemparée, plus perturbée par l'idée que sa famille découvre sa relation charnelle avec un juif que par ce qu'elle s'apprêtait à faire ( surtout que Jules en rajoute une bonne louche en insistant sur le fait qu'en la retenant là, il lui a surtout évité de finir en lambeaux éparpillés un pu partout dans la rue, une réalité qu'elle semblait totalement ignorer).
Mais des bizarreries se greffent sur cette trame politique-érotique: lorsque Fadya, rentrée à l'hôtel le lundi 17 mars au matin veut en sortir, après une rencontrer qui n'a tout au plus duré qu'une heure, elle apprend... qu'on est déjà le vendredi suivant à 3h du matin et que l'attentat qu'elle projetait a bien eu lieu, que la guerre est déclenchée. Or elle est toujours là, vivante, et semble-t-il coincée dans une sorte de faille temporelle.

Alors ce que j'ai bien aimé: il y a évidemment le graphisme particulier d'Yslaire que j'aime toujours beaucoup, volontiers sombre , au propre comme au figuré: tonalités de brun, de noirs, côté presque esquissé, irréel et pourtant très charnel, très sensuel. C'était déjà le cas avec sa série phare: Sambre, que je n'ai jamais chroniquée ici, mais qui jouait déjà beaucoup sur l'érotisme macabre. Ce diptyque va plus loin, car ouvertement érotique, donc attention les chaste yeux, il y a des parties de jambes en l'air là dedans. Erotique,mais ni porno ni vulgaire, attention!
Quand à ceux qui ne connaissent que la BD humoristique "Bidouille et Violette" du même auteur, ça n'a RIEN à voir, que ce soit graphiquement ou au niveau des thèmes. C'est pour ça que j'aime bien Yslaire, qui est capable de beaucoup de choses très différentes. (accessoirement l'auteur s'est caricaturé scénaristiquement dans " le gang Mazda" coécrit avec Christian Darasse, Marc Michetz et Tome, en auteur de BD torturées aux histoires sentimentales et tragiques qui finissent invariablement en rupture)


J'ai bien aimé le tour fantastique, à la limite de la science-fiction que prend le récit, l'humour cynique de Jules ( en revanche, bien moins le fait qu'il s'impose à Fadya et abuse de la situation, à la limite de l'agression sexuelle, même si c'est pour éviter l'attentat, et qu'elle revient vers lui volontairement par la suite... Mouais, le syndrôme de Stockholm, bof)

J'ai quand même cherché une illu' qui reste soft, vu que mon blog est supposé être tout public..

Mais et c'est surtout là que ça coince un peu, le ressort ultra bateau des amants maudits, les références à Roméo et Juliette, à Adam et Eve, la facilité scénaristique du " on s'est déjà connus dans une autre vie, il y a 25 siècles". C'est dommage, parce que tellement téléphoné que pour moi, ça gâche beaucoup de choses.

oui c'est bien Deubeuliou Bush, en images d'archives

Je ne suis pas fan non plus de l'intégration d'images d'archives retraitées façon BD. Ca n'est pas mal fait, loin de là, et ça n'est pas gratuit non plus. C'est un parti pris artistique intéressant pour séparer le réel de l'irréel, ou pour intégrer le réel dans l'irréel, et ça se justifie dans le scénario. C'est juste que je trouve qu'il y en un peu trop à mon goût.


11 avril: Une BD, autant dire une spécialité belge au même titre que les gaufres et le sirop de Liège
Donc pas  désagréable à lire, mais un peu décevant quand on connait Sambre.

1 commentaire:

  1. Dommage ! J'espère que tu auras une autre lecture belge plus captivante.

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