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dimanche 21 février 2016

Demain les chiens - Clifford D Simak

Une de mes propositions " découverte" pour le challenge geek de l'an dernier, mais faute de temps je n'ai pas pu le lire en 2015. Pas grave, tout vient à point à qui sait attendre

Et encore un titre très connu que je n'avais pas lu. A propos de titre, je suis souvent étonnée de la " créativité" des titres français donnés aux livres de SF étrangers. Parfois dans le bon sens du terme ( je l'ai déjà dit au sujet de Ray Bradbury) parfois ... beaucoup moins (  l'exemple type:"starship troopers" qui devient " étoiles, garde-à-vous"), mais très souvent éloigné. "Demain les chiens" est donc l'exacte traduction de " City". a croire que " La ville" c'était trop simple. Mais bon, j'aime bien le titre français, intrigant, même s'il est très éloigné de ce que l'auteur avait décidé de mettre en avant, il n'est pas totalement hors-sujet.
Car il y a une foule de thèmes dans ce recueil de nouvelles, même presque trop car j'y ai parfois un peu perdu le fil: l'exode citadin ( l'inverse de l'exode rural si vous voulez), la mécanisation  de la société et du travail, les mutants, les voyages spatiaux, les robots les univers parallèles.. A croire que Simak a essayé de mettre là dedans tous les grands sujets classiques de la SF. Ca reste maîtrisé, et cohérent,mais c'est parfois touffu et un peu complexe à suivre temporellement.
Illustration sympa, mais trompeuse, les chiens dont il va être question apprennent à parler, mais restent sur quatre pattes et se voient dotés de robots assistants personnels (qui peuvent en fabriquer d'autres génération après génération) pour pallier leur manque de mains.

L'auteur imagine donc qu'un jour, les humains lassés de vivre entassés dans les villes décident de partir massivement vivre à la campagne, chose rendue possible par la modernisation de la propulsion nucléaire: chacun ayant maintenant des moyens de transports ultra rapide, la ville n'est plus que l'endroit où l'on vient travailler.. ( 1° nouvelle - La Cité)
Et l'auteur va tirer ce fil directeur jusqu'au bout de sa logique en imaginant ce qui pourrait découler de cette situation.
D'une part des humains complètement repliés sur eux-même qui refusent de bouger de leur coin de cambrousse ( y compris les plus extrémistes des indépendants qui vont s'isoler complètement, muter et devenir quasiment une espèce à part) de l'autre, l'exode poussé au bout de sa logique: quitter la Terre,pour aller explorer d'autres planètes.

Et donc de nouvelle en nouvelle, on va retrouver l'évolution humaine - ou la régression selon l'angle de vue adopté, au travers d'un représentant de la famille Webster, par bond temporel de plusieurs siècles.

La cité se passe dans les années 90, la seconde nouvelle "la Tanière" se passe deux siècle plus tard: Les humains ont colonisé Mars, découvert un peuple autochtone de martiens dont la spécialité est la philosophie, et les ont étudiés au point de devenir les meilleurs spécialistes de physiologie martienne. Or le plus grand spécialiste terrien de médecine martienne,Jerôme Webster est requis pour aller opéré le plus important philosophe martien, Juwain, qui vient de découvrir un concept philosophique qui va révolutionner le système solaire entier, faire progresser l'ensemble des peuples des différentes planètes ers une avenir meilleur, mais risque de mourir avant d'avoir eu le temps de complier ses découvertes. Problème: a force de rester cloîtré chez lui, Jérôme est devenu un sociopathe total, et souffre d'une agoraphobie maladive. enchaîné à la maison familiale comme une patelle à son rocher. Il n'ira pas, Juwain, meurt, et de cette lâcheté primordiale vont découler les problèmes de la famille Webster, chaque génération suivante portant encore la honte de la défection de Jérôme.

Le recensement (3° nouvelle) se passe une cinquantaine d'année, la famille Webster, toujours aussi repliée sur elle-même, d'autant qu'elle se voit encore reprocher la mort de Juwain qui aurait pu être évitée, est maintenant représentée par Thomas, qui mène des expérience sur les chiens: il en a opéré quelques uns qu'il a doté de cordes vocales de type humain et espère que la modification prendra un caractère héréditaire ( oui, bon, une petite suspension d'incrédulité sur l''hérédité des caractères acquis est nécessaire là...). En parallèle, les humains mutants, toujours plus individualistes semblent avoir acquis des capacités intellectuelles surprenantes en plus d'une longévité de plusieurs siècles. Joe le mutant commence à essayer d'apprendre un rudiment de civilisation aux fourmis. Ces électrons libres étant incontrôlables car trop malins pour des humains normaux, ce sera donc aux chiens mutant de les surveiller pour le compte des humains.

Les déserteurs nous envoie encore quelques siècles plus tard. Le Webster du moment est devenu président du comité mondial, ce qui ne représente pas grand chose, vu qu'un nombre croissant de gens partent à la découverte des autres planètes. Une nouvelle technologie a été développée qui permet de transformer les corps terriens ( humains ou autres) en espèces locales parfaitement adaptées à l'exploration des autres planètes. Vénus a été conquise, Pluton est en passe de l'être, mais Jupiter la gazeuse pose toujours problème. Un dénommé Fowler finit par y aller en compagnie de son chien, transformés en "galopeur", créture jovienne parfaitement adaptée aux hautes pressions et aux vents joviens. Fowler apportera le résultat de son enquête dans la 5° nouvelle " le Paradis": Jupiter est un paradis, pour peu qu'on y aille sous forme de galopeur. Tellement qu'il ne veut plus revenir et que peu à peu les humains quittent en masse la Terre, pour aller coloniser les autres planètes transformés en créatures autochtone,  c'est donc purement la fin des humains tels qu'on les connais: les uns, changés en espèces extraterrestres n'en sont plus, les mutants poussent les humains à partir pour rester maîtres de la Terre, et les quelques humains " classiques" restés se sont rassemblés à Genève, dernière ville terrienne, où il y a d'ailleurs de moins en moins de monde, la plupart des gens oisifs, décidant de s'enfermer dans un sommeil prolongé surveillé par des robots afin de passer leur temps à dormir et à rêver, d'autres rejouant la préhistoire dans les Alpes pour occuper un temps laissé libre par le travail désormais entièrement dévolu aux robots ( 6° histoire: " le passe-temps").

Il reste encore 2 nouvelles: "Esope" et " Un moyen-bien simple", ainsi qu'un épilogue paru quelques années après le cycle, je n'en parlerai pas pour ne pas dévoiler la conclusion, mais elle est énorme, et très logique, même si le point de départ de la Cité ne laissait pas présager de tout ça.
Les premières nouvelles ne payent pas de mine ( ce que confirment d'ailleurs les deux avant-propos, l'un de Simak lui-même, l'autre de Robert Silverberg, fournis en appendice dans l'édition que j'ai lue), mais vont crescendo. Les nouvelles à l'origine publiées séparément son reliées entre elles de manière maline, qui laisse comprendre que l'humanité a déserté les lieu, laissant la place aux chiens comme espèce dominante mondialement qui ont établi leur propre civilisation, et compilé ces nouvelles comme autant de contes traditionnels expliquant l'origine canine et l'apparition de la parole. Les exégètes canins ne sont pas d'accord entre eux, certains y voient une pure légende, d'autre la trace d'une civilisation pré-canine dont toute trace aurait été perdue.

J'ai beaucoup, beaucoup aimé ce recueil de nouvelles, parce qu'elles sont homogènes, suivent un fil logique qui en fait presque un roman, comme c'était le cas avec les Chroniques Martiennes de Bradbury, et ça n'est pas une mince comparaison de ma part. Oui, je le met "quasiment" au niveau des Chroniques,  au niveau narratif global, mais pas tout à fait, car un peu trop de thèmes, qui font que parfois, on a du mal à voir ou Simak veut en venir. Je me demande vraiment s'il avait déjà l'intégralité des nouvelles en tête lorsqu'il a commencé "la cité" ou s'il s'est laisser mener par son sujet de base sans savoir lui même jusqu'où il allait pouvoir le mener. Dans les deux cas, c'est réussi, mais ça serait intéressant à savoir (le résultat est le même mais le processus différent, vision globale dès l'origine ou expérience narrative, les deux sont passionnants. De mon point de vue, je dirais que peut-être les deux ou trois premières étaient pensées sans imaginer une conclusion précises, et qu'ensuite Simak a dû envisager plusieurs voies possibles et en sélectionner une ( à cause de Joe, le mutant qui n'est pas très important au départ, et acquiert un statut de personnage important à partir du recensement, c'est d'ailleurs le seul personnage récurrent avec Jenkins le robot, Joe a une longévité surhumaine, Jenkins est immortel et peut remplacer ses pièces en cas de besoin)

Et même ça, cette incertitude du processus, j'adore!

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