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mardi 14 juillet 2015

Nouvelles - Pierre Boulle


oui, j'ai joué volontairement la carte cocorico et baguette, j'aime l'autodérision
 C'est le  14 juillet, c'est le jour où jamais pour mettre la SFFF française à l'honneur. Car oui, la France n'a pas à rougir dans ces domaines, entre le pionnier Jules Verne, les nouvelles fantastiques de Maupassant jusqu'aux auteurs les plus récents , il y a de quoi trouver son bonheur.
L'an dernier j'avais décidé de découvrir le contemporain Laurent Genefort, cette année, retour aux années 50.
Avec 7 nouvelles de Pierre Boulle, extraites de l'énorme recueil dont j'avais déjà tiré La Planète des singes il y a quelques années.

Les 4 premières sont tirées des Contes de l'absurde ( le recueil originel en contient une de plus, l'hallucination). J'ai volontairement occulté ici l'homme qui haïssait les machines, car elle ne figure dans aucun des deux recueils principaux, je la chroniquerai une prochaine fois, si j'arrive à trouver histoires chaitables, le recueil dont elle fait partie.

-Une nuit interminable: un soir d'aout en 1949, à Paris, un libraire parisien a la surprise de voir débarquer  à la terrasse du café où il passe la soirée un homme d'allure exotique et portant une toge, qui s'adresse à lui en latin pour lui demander " en quel siècle est-on?". Amoun est un voyageur temporel, qui vient de l'antique cité de Badari, disparue depuis 6 millénaires, et s'il connait le latin, c'est qu'il a commencé par explorer l'époque romaine. Mais son but est autre: aller 20 000 ans dans le futur. Dans le futur par rapport à son présent, il a juste du faire une pause en s'y rendant. a la même terrasse, un autre voyageur temporel , le professeur Djong, vient de Pergolie, une ile qui n'existera que dans 12 000 ans et a fait lui aussi un stop sur son parcours vers l'époque Badarienne. Coïcidence?
PAs du tout, ça serait méconnaître l'ironie et l'humour de Boulle qui ne va pas s'abaisser à une facilité pareille: La Pergolie est un pays surpeuplé qui a eu l'idée de régler son problème en envoyant sa population surnuméraire.. dans le passé, le savant Badarien est là pour les en empêcher. Les deux nations vont se livrer une guerre à 20 millénaires de distance et pas de chance, c'est en 1949 que ça va se régler.
Cette nouvelle est un délice un peu dans le style conte philosophique, avec en plus beaucoup de quiproquos entre le passé et le futur qui donnent des phrases du style : il essayera de m'assassiner il y a 8000 ans.. C'est pourquoi je vais l'avoir assassiné moi dans 12 000. Oui ça demande de l'attention, mais c'est très drôle et la chute.. Boulle adore faire des nouvelles à chute un peu comme Fredric Brown, et moi j'aime les lire.

- Le poids d'un sonnet: Monsieur Bourdon est un amateur invétéré d'énigmes, et l'exécuteur testamentaire du philosophe Valette qui vient de mourir dans des circonstances étranges: il venait  de finir de rédiger un texte lorsqu'il a été frappé d'une attaque lâchant l'allumette qu'il tenait sur le papier Calciné devenu illisible. Bourdon va donc mettre en oeuvre tous les moyens dont dispose la science de son époque ( et il se complique bien la vie, pesant le papier calciné vierge et comparant le poids avec le papier rédigé pour chercher le poids du texte.. ou plutôt le poids des cendres de l'encre parmi le poids du papier brûlé) pour retrouver le texte disparu - un sonnet. Mais est-ce que le jeu en vaudra la chandelle? Le texte qu'il va trouver aura en tout cas un écho surprenant avec les 6 mois qu'ils va passer à le rechercher , quasi archéologiquement. Une idée très poétique elle même!

- Le règne des sages: Ca y est! la paix est enfin acquise, il n'y a plus de guerre, plus de nations, plus de partis politiques, plus de religions sur une  Terre unifiée. Enfin, c'est méconnaître la nature humain qui va  évidemment recommencer à prendre un parti: la Terre est donc menée par les scientifiques, divisés entre Electronistes dirigés par le Professeur Particule et les Ondistes du professeur Armonique, qui s'opposent sur la nature même de la matière: onde ou particule, particule ou onde, une opposition quasi mystique, à la fois proche du fanatisme politique et religieux. Chaque parti dirige le monde entier à la suite d'élections annuelles et iul n'y a plus grand chose à faire sauf... Bouleverser le climat des régions polaires et équatoriales, car il fait là bas trop chaud ou trop froid pour que la population s'intéresse aux querelles de clocher des ondistes et électronistes, ce qui est innaceptable.
Qu'à celà ne tienne on fera leur bonheur malgré eux en forçant le globe à avoir une température uniforme de 20°C partout. Dans le plus grand secret, sinon les habitants pourraient trouve à redire. Sauf qu'évidemment les deux partis on la même idée au même moment..et la terre se retrouve avec 40°C aux pôles et une ceinture glaciaire à l'équateur. conclusion des savants: bah, ça a raté, mais ça a quand même réussi, puisqu'on a toujours le même ratio de temprétures globables. que la faune et les habitants des deux régions soient décimées n'est qu'un dommage collatéral.
Apparemment on retrouve aussi assez souvent ce thème chez Boulle: des savants qui ont une bonne idée sur le papier, mais qui poussent leur logique à bout sans souci des conséquences , inconscients par excès de naïveté ou manque de sens pratique. J'ai vu que le roman Miroitement a aussi le même thème, il est aussi dans le même recueil, je ne tarderai pas à le lire.

- Le parfait robot: le professeur Fontaine est un roboticien de génie, qui conçoit les machines les plus perfectionnées.. mais finit toujours par se heurter à un mur: son robot joueur d'échec  atteint une telle compétence qu'il ne peut plus jouer qu'un coup.. le seul coup juste possible. Qu'il affronte un de ses clones, et la partie sera toujours la même unique, un match nul. Devant les contestations que le robot manque de créativité, il fabrique un robot écrivain.. qui arrive à produire des phrases comme Cogito ergo sum ou To be or not to be that is the question. D'accord c'est bien mais pas nouveau et pas vraiment créatif. Il enchaîne alors sur des robots capables de se reproduire, de créer d'autres robots.. mais il faut toujours à l'origine un créateur humain du premier robot. La conclusion est simple: pour insuffler un peu d'humanité à ses création il faut leur donner la capacité à l'innattendu, à l'improbable.. à tout râter dans les grandes ligne. Le robot parfait ne peut être que faillible comme un humain.
J'adore la logique " tout ça pour ça"! Parce qu'évidemment , au travers des robots, c'est la société humaine qui est moquée .

Les 3 nouvelles suivantes sont extraites du recueil E=mc² ou le roman d'une idée ( avec une autre, le mirale, qui n'est pas publiée ici

-Les luniens: dans le plus grand secret les USA ont envoyé des astronautes sur la lune,avec mission de s'établir sur la face cachée de la lune, afin de n'être pas repérés en particulier par le camp soviétique (la nouvelle date de 1957). Ce qu'ils y découvrent dépassent l'entendement: sur la lune, il y a des luniens, et qui plus est entièrement semblables aux terriens, hormis leur langage incompréhensible, comme ils en informent le gouvernement américain. Pendant ce temps, le gouvernement soviétique reçoit une information de sa mission hyper secrète envoyée quelques temps plus tôt au nez et la la barbe du reste du monde, s'installer sur la face cachée de la lune: il y a des luniens sur la lune et ils ressemblent beaucoup aux terriens, sauf qu'on ne comprend pas leur langage
Oui, c'est exactement ce que vous devinez, la rencontre sur la face cachée de la lune d'une équipe russe et d'une équipe américaine, chacune croyant avoir affaire à des autochtones. Les deux équipes finissent par communiquer en langage binaire, expliquer leur système politique par ce biais, chacune trouvant que l'autre est merveilleusement organisée et civilisée, vantant les mérite du fabuleux peuple, de l'intelligence supérieure qu'ils ont trouvée sur la lune. Enfin, ça c'est jusqu'à ce qu'ils comprennent leur méprise évidemment! dès lors c'est la bonne vieille opposition qui prend le relai.
J'aime ce genre d'ironie: les personnages mettent des pages à comprendre ce que le lecteur à compris dès le deuxième chapitre.C'est un régal que de voir chaque camp vanter en toute innocence les mérites de ce qu'il déteste instinctivement sans le connaître, simplement parce que c'est "l'Ennemi".

-l'amour et la pesanteur: nous narre la mésaventure de deux astronautes Joe et Betty. Fiancés à leur départ, ils ont eu l'idée de se marier officiellement dans la capsule. PAr contre la nuit de noces en apeseanteur est une autre affaire.. plutôt sportive. Celle ci n'a pas la portée politique de la précédente, mais est quand même sympathique. Je disais un peu plus haut qu'il y avait parfois du Fredric Brown chez Boulle. Les deux nouvelles rassemblées ont un petit quelque chose de Lune de miel en enfer qui voyant un astronaute et une cosmonaute partis sur la lune faire un enfant dans l'intérêt de l'humanité.

- E=mc² ou le roman d'une idée, prend à rebours les conséquences de la découverte de la relativité restreinte qui a conduit à l'arme nucléaire. Les scientifiques, Einstein à leur tête, sont des pacifistes convaincus qui refusent que la physique ne soit employée à des fins belliqueuses: à la demande du président des USA de fabriquer une bombe atomique en partant de la formule e=mc², ils répondent qu'ils est impossible de transformer la matière e énergie. Par contre ils arrivent à avoir des crédits pour le travail inverse: la création de matière à partir d'énergie. Pas de risque à craindre de la part d'une arme qui crée au lieu de détruire pas vrai?
On dit que l'enfer est pavé de bonnes intentions et en effet, quelques années après, c'est donc une bombe à création qui est larguée au dessus d'Hiroshima.. et évidemment les conséquences vont être aussi désastreuses que s'il s'agissait d'une bombe destructrice.
Pas d'échappatoire chez Boulle: si ça doit foirer, ça foirera en beauté, parce que les savants sont de toute façon trop naïfs pour prévoir les implications de l'utilisation de leurs inventions par des politiciens qui ne comprennent de toute façon pas grand chose à pas grand chose.

Boulle est un satiriste qui manie l'ironie avec un talent réjouissant dans ses nouvelles autant que dans la Planète des singes. C'est un plaisir assez cynique que de prévoir que tout va rater et de voir effectivement que tout rate, mais parfois en prenant une direction inattendue. L'humour y est souvent noir, l'auteur tire à vue sur les politiciens, les financiers, les savants.. et globalement, tous ceux qui se mêlent de faire à leur manière le bien d'une population qui n'a rien demandé, merci pour elle.

Un auteur que je recommande chaudement, qui écrit à la manière des contes philosophiques et des histoires à chute, le format nouvelles est idéal pour le découvrir, lui et son cynisme.

1 commentaire:

  1. Je n'ai jamais rien lu de Pierre Boulle donc je note ce recueil de nouvelles, comme tu le conseilles.
    De mon côté, je n'ai pas trouvé le temps de me plonger dans une nouvelle lecture ces derniers jours, mais j'ai essayé de lister une bonne partie de mes billets SFFF à la française, et il y en a pour tous les goûts.

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