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mardi 3 septembre 2024

Rocketman (film 2019)

Profitant de quelques jours de vacances dans une location où il y avait une télé et netflix, j'en ai un peu profité pour regarder ce film à côté duquel j'étais passée à sa sortie ( j'étais en Belgique à ce moment et je n'avais pas trop le temps d'aller au cinéma). Hasard des choses, Bruce Benamran a consacré il y a peu une vidéo à la thématique des biopics, et lorsque l'occasion s'st présentée, allez, zou, je vais tenter, il a dit que celui là était bien.

Et surtout sa vidéo était bien, expliquant ce qu'est un biopic, et aussi la différence entre téléfilm et film de cinéma, et aussi dans le cadre de raconter l'histoire de quelqu'un, le documentaire" à partir de 2 exemples, sur le même sujet et à la même époque, à savoir Bohemian Rhapsody et Rocketman.
Je le cite: " pourquoi Bohemian rhapsody c'est de la daube, et Rocketman c'est de la balle, alors que sur le papier, les deux sont similaires". Et c'est là qu'intervient la notion de téléfilms, de narration platounette au format " and then" ( et après, et après qui rend l'intrigue ultra linéaire).

Je précise à toute fin utile que je ne suis pas du tout friande de biopics, et que je me pose souvent la question du public visé.
Si c'est un public de novices, ben.. franchement une page Wikipédia ou un bon documentaire font parfaitement l'affaire pour en apprendre plus sur le personnage centra, que ce soit Freddie Mercury, Napoléon, Maire Curie, Lincoln, Edith Piaf ou peu importe.
Si c'est pour un public de fans de la personne en question, ça n'apporte rien qu'on ne sache déjà. Et c'est exactement pour ça que même en tant que fan de Queen, je refuse de voir Bohemian Rhapsody, je sais déjà que je vais m'arracher les cheveux en maudissant le scénariste face aux erreurs grossières - voire à la malhonnêteté de rendre la réalité encore plus spectaculaire qu'elle ne l'est déjà.  Bruce le mentionne d'ailleurs dans sa vidéo.

Mais bon va pour Rocketman, je sais quand même qui est Elton John, je connais quelques chansons sans avoir encore exploré toute sa discographie, je le respecte en tant que compositeur, et j'ai souvent trouvé que c'était un excellent musicien qui a fait pas mal de daubes - pardon de chansons alimentaires - qui ont été justement les plus diffusées et mises en avant. Je me doute qu'il y a beaucoup de pépites que je ne connais pas encore, et de toute façons, il y en a que j'aime bien malgré tout.

Un film dont je n'attendais pas grand chose et qui s'avère une excellente surprise


Donc si vous avez vu le film ou écouté la vidéo de Bruce, notamment sur le point de la ressemblance ou pas, je confirme ce qu'il dit.
J'ai bien aimé aussi la construction qui alterne les séquences de réunions de désintoxication et les passages de comédie musicale où les textes des chansons , sous-titrés, sont mises en avant comme éléments de la narration. Ce sont pourtant des chansons écrites à divers moments, mais dont je n'avais jamais vraiment réfléchi au sens profonds (au point de se dire " ha oui, quand même, ce que je prenais pour une chansonnette un peu anodine comme Tiny Dancer ou Rocketman portait pourtant clairement dans les textes le signe de la dépression... d'ailleurs lors d'une des premières auditions que passe Elton, le manager de la maison de disques lui reproche de ne jouer que des chansons tristes).

Et j'ai beaucoup aimé attention MINI SPOILER! ( mais je ne peux pas développer sans ça, allez d'abord voir le film)
...la narration des séquences de groupes de paroles. Au départ dans une ambiance morose, où tout le monde est vêtu de gris, de couleurs passés, dans un monde délavée, arrive comme .. une fusée un type extravaguant, vêtu d'une tenue orange vif à paillettes, avec des ailes rouges, un casque surmonté de cornes de diable, des lunettes en forme de coeur.
Discrétion toute relative... Mais le costume est magnifique. Et j'aime les gens farfelus.

Il est littéralement haut en couleur, et après quelques fanfaronnades, il décline son identité " Elton, Hercules John" et la liste tragique de ses addictions : alcool, cocaïne, cannabis, shopping, nourriture, sexe, problèmes de maîtrise de la colère... avant de fondre en larmes en racontant, avec parfois quelques mensonges et arrangements qui disparaissent peu à peu, une histoire, celle de Reginald.
Un petit garçon doué pour le piano, que ses deux parents méprisent. Il est timide et discret, et au fil du temps va se constituer une armure pour résister à la pression sociale, à l'indifférence de ses parents, au mépris qu'il a pour lui même lorsqu'il doit se rendre à l'évidence: il est homosexuel, hypersensible et, en essayant de cacher aux autres et à lui-même sa nature, il s'en est éloigné au point de ne plus savoir qui il est. Reginald est devenu Elton pour la scène, et Elton a adopté des tenues toujours plus extravagantes  au fil des séquences musicales (un hourrah pour le costumier qui a fait un travail de dingue, reprenant exactement les costumes de scène des réels concerts) pour cacher de plus en plus son identité. En parallèle, l'Elton qui se confie aux autres, des gens banals qui ont les mêmes problèmes que lui, redevient banal, un type parmi tant d'autres, c'est Reginald qui doit faire la paix avec son moi. L'idée de le faire se dépouiller pièce par pièce de son flamboyant costume, les cornes, puis le casque, puis les ailes, puis .. on le voit en robe de chambre, puis en tenue de monsieur tout le monde est excellente. Une autre séquence le voit dépouillé, par les autres, de son costume - armure, il vient de tenter de se suicider et est réanimé: la vedette, mise à nue au sens strict, est un homme vulnérable, comme les autres, de manière d'autant plus tragique qu'il refuse cette vulnérabilité que l'acteur, excellent, fait éclater à chaque instant.

Autre idée intéressante, l'action est commentée par les vrais textes des chansons, qui prennent donc une autre dimension. C'est l'histoire de Reginald/ Elton, dans toute sa grandiloquence et sa démesure, mais.. on en oublie paradoxalement qu'il s'agit d'un personnage réel et encore vivant. Au delà de ça, on aurait pu donner n'importe quel nom au personnage central, Peter, Joe ou quoi que ce soit, c'est l'histoire surréaliste d'un musicien talentueux, happé très jeune par le star system, trop naïf pour voir qui veut réellement son bien et qui l'exploite (ici, son ami de toujours Bernie Taupin) et qui le manipule ( le type qui devient son petit ami et joue avec ses sentiments, afin de mettre le grappin sur une vedette bankable et vivre à ses crochets). C'est l'histoire de n'importe quelle vedette qui perd pied, sombre dans l'alcool et/ ou la drogue à force d'oublier  d'être soi. La phrase peut-être la plus triste qu'il dit en thérapie c'est " j'ai commencé à être un connard en 1975... mais j'ai oublié d'arrêter de l'être", ce qui a fait fuir ses vrais amis.

Donc oui, je confirme, au delà du biopic d'un individu particulier, il y a des choses plus universelles, sur le talent, le don, l'identité, la dépression, et aussi un critique du star system de l'époque, où il faut se contraindre à suivre la mode, se faire un rail comme tout le monde pour s'intégrer, accepter d'être celui aux crochets duquel beaucoup de parasites vivent... quitte à risquer sa propre santé mentale. Et ça, ça en fait une réussite, pour peu qu'on aime les choses .. hautes en couleur ( mais bon, je suis le genre à estimer que Phantom of the Paradise, autre comédie musicale qui critique le star system et ses requins, est le meilleur film de De Palma. Il y a quelques passages où on fait remarquer avec humour qu'Elton est talentueux, a une belle voix, maiiiis qu'il vaudrait mieux que ses chansons soit chantées par exemple par Bernie, qui ne sait pas chanter mais est visuellement plus attrayant que ce petit bonhomme roux à grosses lunettes, ou d'autres ou sans un mot, on suggère qu'il se dégarnit. Même dans le monde glamour du showbiz, son apparence le place en décalage.

Et paradoxe, Rocketman a fait moins bien en termes d'entrées que Bohemian Rhapsody, tout en étant plus... cinématographique, donc. La faute, d'après les expert à un classement " interdit aux moins de 13 ans", parce la réalisation n'a pas essayé de lisser l'image d'Elton, qui, oui est un connard, un connard touchant, mais un connard quand même, et un drogué, et qui sniffe de la cocaïne, de manière visible à l'écran, à une scène de sexe ( plutôt soft quand même) entre hommes, et une allégorie des orgies assez claire.

Allez, petit dernier pour la route: les chansons du film sont chantées par les acteurs, et si Taron Egerton ne ressemble pas  vraiment physiquement à Elton John - et on s'en fout- il fait un job phénoménal au niveau du chant. Pour le coup là, sa voix est très très proche de celle d'Elton jeune, moins dans le timbre que dans l'intention et l'expressivité, et ce n'est pas un mince compliment. Ha et il y a aussi Jamie Bell, le jeune prodige de Billy Eliott, devenu adulte, dans le rôle de Bernie Taupin. Je ne l'aurais jamais reconnu et c'est une excellente surprise. L'acteur qui tient le rôle du manager Reid est aussi excellent, il arrive à rendre son personnage calculateur et détestable à souhait.

Du coup, j'ai bien envie d'aller chercher Two Rooms, le documentaire sur la collaboration entre Elton John et Bernie Taupin.
et allez, une petite sélection des tubes qu'on y entend parce que c'est toujours cool de les réécouter, en version d'origine: Honky Cat, Your Song, Crocodile Rock, Tiny Dancer, Don't go breaking my heart, Pinball Wizard, Don't let the sun go down on me, Goodbye Yellow Brick Road, Rocketman (hoo le double sens du mec qui part en fusée " I'm going to be high as a kite by then"), I'm still Standing ( j'aime le décalage entre les paroles ultra déprimantes et la musique péchue). Version de Taron Egerton, je vais le suivre lui, parce qu'il pourrait envisager une carrière dans le chant sans souci, il a une voix puissante et ça commence à devenir rare. Et pas d'autotune bordel! ça fait plaisir.

Duo Elton/ Taron sur Your song. J'apprécie qu'il ait adapté la chanson pour sa voix qui est devenue plus grave avec l'âge ( il a 72 ans là), mais reste expressive, ses capacités pianistiques sont inatctes ( formation classique, et ça s'entend) et le duo est adorable entre le vrai de vrai et sa version cinématographique.




 J'ai hésité entre comédie musicale, film qui m'a fait découvrir un acteur ( je ne connaissais pas du tout l'acteur principal), un film basé sur des faits réels (et validé par Elton lui-même), un film LGBT ( bon on connait le monsieur et son homosexualité, mais il n'y a pas de militantisme, même si la difficulté d'avouer à ses proche, la menace de cette révélation sur une carrière artistique dans les années 1970 sont évoquées, ce n'est pas ce qui est mis le plus en avant), film sur une addiction ( alcoolisme, cocaïnomanie, addiction au cannabis, au achats compulsifs..) .. tout ça pourrait convenir

Donc la catégorie qui correspond le mieux c'est


catégorie " un film dont le titre est issu d'une chanson", puisque c'est très exactement le titre de l'une des chansons les plus connues d'Elton John. Yep, une chanson qui parle à mots à peine couverts de drogue, pour intituler un film dont c'est le sujet central


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