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dimanche 14 juillet 2013

Salomé - Oscar Wilde

C'est Juillet et chez moi, juillet , c'est la fête du théâtre, donc du 8 au 31 juillet, le théâtre va être à l'honneur ici. En plus ça fera un peu descendre la PAL qui menace de me submerger!

Du coup, les billets " théâtre" seront ornés de cette splendide photo de Jean Vilar en Richard II

Et on commence par Salomé d'Oscar Wilde, réécriture ultra célèbre  du mythe de la danseuse biblique.
La pièce est très courte et se lit vite, et en français s'il vous plait! en effet l'édition que j'ai est bilingue, mais elle a été écrite par Wilde directement en français et traduite dans sa langue natale seulement dans un second temps. Donc, VF obligatoire!

L'introduction de cette édition est très intéressant, car elle cite les principales sources de Wilde, car au final la Salomé biblique n'est évoquée que très brièvement sans même être nommée : elle y est mentionnée la fille d'Herodiade ou la fillette, et nulle précision n'est donnée sur le type de sa danse, c'est la vogue de l'orientalisme à la fin du XIX° siècle qui en a fait d'une part une adulte, et d'autre part une danseuse du ventre à moitié nue et provocante.. Dans l'imaginaire moyen-oriental de l'époque elle était peut être habillée de pied en cap après tout.Qu'il s'est plutôt inspiré de Salammbô de Flaubert pour le côté " exotisme orientalisant". Et des tableaux de Gustave Moreau.

Autre grosse différence entre la danseuse biblique et celle de Wilde: la Salomé traditionnelle n'a pas de volonté propre, pas d'instinct vraiment meurtrier, elle fait seulement ce qu'on lui demande: danser parce que le roi lui a demander, et demander la tête du prophète parce que c'est ce que sa mère lui a demander. Celle de Wilde au contraire a des idées bien arrêtées: elle a fait des avances à Jean ( ici nommé de manière plus plus orientale Iokanaan) celui-ci les a repoussées, elle s'avise donc que la seule manière de le mettre en son pouvoir est de le faire tuer. C'est vraiment sa propre décision, une décision excessive je vous le concède.
Mais tout le monde est excessif dans cette version: le capitaine syrien qui se suicide parce que Salomé ne le remarque pas, Salomé qui veut la mort de celui qui refuse de la regarder.

Le regard sur l'autre est au centre de la pièce: Hérode regarde trop Salomé, qui n'a d'yeux que pour sa future victime, le tout sous 'l"oeil" de la lune omniprésente. Bon, évidemment, il faut accepter la convention théâtrale classique, assez artificielle, que tout se passe en l'espace de quelques heures, d'une heure même, vu la brièveté de la pièce. Par conséquent, tout est un peu précipité et la psychologie des personnages s'en ressent, ils auraient gagné à être fouillé, mais restent ici au niveau de l'archétype, chacun vissé à sa monomanie: Iokanaan ne fait rien d'autre que divaguer et maudire (soit, il est enfermé depuis longtemps dans une citerne, ça peut affecter le comportement), Hérode ne fait que craindre que ces malédictions attirent le malheur sur lui, mais ne peut se résoudre à se débarrasser de Iokanaan de crainte de s'attirer le mauvais oeil. Salomé ne sait que provoquer et harceler le prisonnier. Et Hérodiade est persuadée que tout ce qui est dit de mal la concerne.Un monomaniaque, une paranoïaque, une sadique et un peureux chronique, belle brochette de cas pathologiques!

En fait, L'intérêt de la pièce est plutôt d'être une suite de tableaux, exactement picturaux. Les illustrations d'Aubrey Beardsley sont d'ailleurs devenues ultra célèbres, mais on apprend en appendice que Wilde ne les aimait pas: trop caricaturales.. sur ce point je suis assez d'accord avec lui. En fait, c'est plutôt les dorures des deux Judith ( l'autre coupeuse de tête, parfois difficile à distinguer de Salomé sur les représentations) de Klimt que j'ai en tête.

Là c'est Judith ( la légende est directement sur le tableau), mais elle correspond assez bien à la Salomé de Wilde. Il n'a pas connu le tableau, peint en 1901 , puisqu'il est mort un an plus tôt, mais je pense qu'il aurait apprécié cet air cynique et ces dorures.

et quand je dis qu'il est compliqué de les différencier: Salomé et Judith par Cranach l'ancien
Seuls leurs attributs peut les identifier: le plateau pour Salomé, l'épée pour Judith.
Aparté: L'an dernier il y avait à Montpellier une très intéressante exposition sur Caravage et son influence, qui mettait en rapport les 3 personnages bibliques coupeurs de tête, Salomé, Judith et David. Ou cette problématique de la différenciation était mise en avant: les 3 têtes coupées n'ont pas la même valeur, d'un point de vue mythique ( acte de bravoure pour David et Judith, et acte honteux pour Salomé, même si elle n'est que l'instrument d'Hérodiade, vraie instigatrice du meurtre), et que ça devient parfois très subtil chez quelqu'un qui brouillait volontiers les pistes comme le Caravage.

Enfin, sans être inoubliable, c'est une lecture intéressante, en ce qu'elle fait de Salomé une héroïne agissante, et agissante pour son propre compte, dangereuse, mais moderne et qui revendique sa volonté. Et ça, fin XIX°, ça n'était pas monnaie courante au théâtre.
Même si la pièce est écrite en français, Wilde est un auteur Irlandais et donc,entre dans le défi commonwealth!
Réécriture d'un mythe célèbre
Hérode est tétrarque, Hérodias et Salomé sont princesses,
Hérode Antipas et Hérodiade sont attestés historiquement , donc ça marche!
idée 57: une tête ( oui, en haut dans le plateau, coupée bien sûr)

5 commentaires:

  1. Passionnant ! Et je ne savais pas que Wilde avait écrit du théâtre...

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    1. quelques pièces,de mémoire, en plus de Salomé: l'importance d'être constant, un mari idéal, l'éventail de Lady Windermere, une femme sans importance... Je dois avoir ce cette dernière, quelque part, en VO, que je lirais.. un jour, promis

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  2. Tu me donnes envie de me plonger dans cette pièce, d'autant plus que je l'ai depuis longtemps !! Merci de ta participation ;)

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  3. Les GF ont toujours des bons dossiers ! J'avais beaucoup aimé la poésie de cette pièce théâtrale. Et les illustrations me plaisent énormément

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  4. Allez, c'est reparti pour une lecture!
    Je finis de bosser sur la Vierge des glaces (euh, c'est le nom modernisé de la Reine des neiges d'Andersen) et je plonge dans Salomé et les illustrations de Beardsley....ok parfois caricaturales mais pour certaines extrêmement graphiques!

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